La trahison des images. René Magritte. 1929
"Ce n'est pas une pipe. "
Mais alors, qu'est-ce dont ?
L'image d'une pipe, une
représentation!
Biensur, l'objet est peint d'une façon très réaliste. Le volume est donné par des touches fines et quasi imperceptibles, disposées avec une précision très technique, par dégradé. Des notes de lumière, par reflets, soulignent la courbe délicate de l'objet, qui semble alors
vrai. L'artiste nous démontre que cela n'en ai rien. Les images nous mentent et ne sont pas la réalité.
Les deux mystères, René Magritte, 1944.
Quinze ans plus tard, Magritte réemploie cette image initiale mais en la présentant en négatif le fond, l'objet et la phrase peinte.
La trahison des images est présentée encadrée, posée sur un chevalet, située dans un intérieur, un parquet au sol et un mur grisâtre à l'arrière-plan. Or, une nouvelle pipe vient compléter la présentation. Elle est plus grossière et davantage brute tout en semblant flotter dans l'espace de la toile. Quel est la plus réelle de la première ou de la seconde pipe ?
L'artiste ne veut-il pas démontrer la différence de valeur entre la réalité, sa représentation et la représentation de sa représentation ? Nous nous éloignons de la réalité de l'objet, par son image, et encore davantage par l'image de son image !
Il n'y avait donc pas deux objets identiques dans
"les deux mystères", mais plutôt deux "objets"
différents que l'on aurait pu désigner par les mots "tableau"
(la trahison des images) et le mot "pipe" pour l'autre
objet.
Il semblait donc que la pipe agrandie du deuxième
tableau fut un peu plus "réelle" que la pipe figurant dans
le tableau de l'angle inférieur droit intitulée "La trahison
des images", bien que les deux objets représentés fussent
visiblement en interaction.