Extrait d'Alice au pays des merveilles, 1865, Lewis Carroll
« Pendant une ou deux minutes elle resta à regarder la maison en se demandant ce qu’elle allait faire,
lorsque, soudain, un valet de
pied* en livrée sortit du bois en courant (elle se dit que c’était
un valet de pied parce qu’il était en livrée* : mais à en juger
seulement d’après son visage, elle l’aurait plutôt pris pour un
poisson), et frappa très fort à la porte de ses doigts repliés.
Celle-ci fut ouverte par un autre valet de pied en livrée, au visage
tout rond, aux gros yeux saillants comme ceux d’une grenouille ;
[Elle] remarqua que les deux laquais avaient le crâne recouvert
d’une chevelure poudrée et toute en boucles.
Elle se sentait très
curieuse de savoir de quoi il s’agissait, et elle se glissa un peu
hors du bois pour écouter.
Le
Valet de pied-Poisson commença par prendre sous son bras une immense
lettre, presque aussi grande que lui, puis il la tendit à l’autre
en disant d’un ton solennel : « Pour la Duchesse. Une invitation
de la Reine à une partie de croquet. » Le Valet de pied-Grenouille
répéta du même ton solennel, mais en changeant un peu l’ordre
des mots : « De la Reine. Une invitation à une partie de croquet
pour la Duchesse. »
Puis
tous deux s’inclinèrent très bas, et leurs boucles
s’entremêlèrent. [Elle] se mit à rire si fort à ce spectacle
qu’elle fut obligée de regagner le bois en courant, de peur d’être
entendue ; quand elle se hasarda, à nouveau, à jeter un coup
d’oeil, le Valet de pied- Poisson était parti, et l’autre était
assis sur le sol près de la porte, à regarder fixement le ciel d’un
air stupide.
[Elle]
alla timidement jusqu’à la porte et frappa. »
Illustrations d'origine par John Tenniel en 1865 :
Mme. Bierne
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