Travail
sur « l'univers » de la peinture :
sa matérialité,
son espace.
Les
Nabis :
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Paul Serusier. Le talisman . 1888 |
Huile sur bois 27x51.5cm. |
conservé au Musée d'Orsay. Paris |
Vers 1888, un groupe de peintre prend le nom de nabis
ou nebiim
(qui veut dire en hébreu : intellectuel, l'Occident l'ayant
traduit par prophète,
illuminé
ou encore celui
qui reçoit les paroles de l'au-delà, l'inspiré de Dieu). Ce cercle de jeunes
peintres fondé par Paul Sérusier est né d'une controverse autour d'une peinture de Sérusier,
Le Talisman, réalisée sous la direction de Paul Gauguin,
qu'il avait rencontré en Bretagne, à Pont-Aven en 1888. Gauguin
l'encouragea à se débarrasser de la contrainte imitative de la
peinture, à user de couleurs pures, vives, à ne pas hésiter à
exagérer ses visions, et à donner à ses peintures sa propre
logique décorative
et symbolique. Les
nabis se caractérisent par l'utilisation de grands aplats
de couleurs « sorties du tube », sans mélange,
par le cerne, la perspective absente ou fausse, la ligne d'horizon
haute des paysages. La lumière est prédominante.
Ces peintres ne cherchent pas la ressemblance exacte avec la réalité. Ce tableau fut peint
d’après une leçon de peinture, donnée à distance (aujourd’hui
Sérusier l’aurait peint en chattant avec Gauguin) :
« Comment voyez-vous cet arbre ? Il est vert. Mettez du
vert, le plus beau vert de votre palette ; et cette ombre,
plutôt bleue ? Ne craignez pas de la peindre aussi bleue que
possible », c’est ce que Paul Gauguin proposa à Paul
Sérusier.
Quelle en est la conséquence directe ?
S’agit-il d’un lieu réel ? Rouge vermillon, bleu ciel,
ocre jaune s’intensifient. La rive, les troncs d’arbres et le
feuillage se dissipent. Pourtant, vous les reconnaissez. C’est une palette pure qui se délivre du
motif.(qui ne cherche pas à ce qu'un arbre ressemble à un arbre comme nous le connaissons.) Il s'agit d'une nouvelle approche de la couleur.
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Maurice Denis. Les anémones . 1891 |
Huile sur toile |
Selon Maurice Denis, peintre Nabis, « Se rappeler qu’un tableau, avant
d’être un cheval de bataille, une femme nue ou une quelconque
anecdote, est essentiellement
une surface plane recouverte de
couleurs en un certain ordre assemblées. »
Nous avons ici la définition de la peinture au XXème siècle.